“Je est un Autre” nous disait Rimbaud. Qu’est-ce que cela signifie?
De manière singulière, dans notre organisation psychique, nous avons tout un fonctionnement interne qui est régi par ses lois. Une partie nous est offerte de connaître: le conscient. Une autre, tel un temple sacré aztèque ne laissant entrer en son sein que ses guerriers les plus vaillants, nous est dissimulée : l’inconscient.
“Je est un Autre” nous parle de cette partie inconnue de nous-même, qui nous échappe et agit silencieusement, dans le soubassement de nos consciences. Mais si nous y prêtons garde, cet inconscient se révèle à nous de manières bien différentes, indirectes, subtiles, auxquelles le conscient se doit d’être attentif s’il ne veut pas passer à côté de ses secrets. Les lapsus, les rêves, les désirs, les pulsions sont de ceux-la. Mais pas seulement.
L’Autre, celui qui n’est pas moi, agissant comme miroir, vient aussi me parler de moi et avec moi. L’Autre, est donc un autre Je. Étant lui aussi pourvu d’une part qui lui échappe, me ressemble plus que je ne crois. Nos deux inconscients se mettent à communiquer, à s’échanger des informations, ce, totalement à notre insu. Notre partie inconnue est déjà en train de tisser un socle commun avec cet Autre, pour le comprendre, l’appréhender, voir tenter de contrôler ce qui ne peut l’être?
Ce tissage bien qu’inconscient, est pourtant perceptible, et c’est ce qui crée la gêne de la Rencontre. Une alerte se met en place, malgré nous, et crée une distance consciente cette fois-ci, mais non expliquée.
Vous comprendrez aisément que ce phénomène est d’autant plus conséquent lors d’une rencontre interculturelle. L’inconnu étant plus grand, l’Autre, encore plus étrange, ce tissage inconscient peut nous effrayer d’autant plus, et crée des résistances plus profondes lui. Phénomène qui explique en partie, la complexité ressenti du lien interculturel et du sentiment d’incompréhension, d’opposition ou de doute, qui en résulte.
Mais heureusement, aller au delà est possible. Il ne s’agit que d’une première étape, instinctive, qui ne demande qu’à être dépasser, pour enfin accéder à l’altérité.